36 matchs en moins de 2 semaines avant d'arriver à la phase finale. Que vous soyez dans l'attente anxieuse de ce printemps sous le signe du football ou que vous ne soyez pas intéressé, peu importe : un soir, au moins, vous serez obligés de vous asseoir sur le canapé pour regarder un match terriblement ennuyant.
Les hymnes nationaux résonnent. Les équipes sont sur le terrain, la tension monte. Le match commence : pendant 10 minutes, personne n'est capable de rester immobile sur le canapé. Des cris, des encouragements, des commentaires : passez-moi à boire ! Ensuite, s'il ne se passe rien d'éclatant, le brouhaha diminue et le silence tombe.
Vous commencez à regarder autour de vous, ils sont tous un peu distraits. Vous sortez le téléphone de votre poche. Vous ouvrez Instagram, rien d'intéressant sur votre profil. Par contre sur Twitter, il y a du mouvement : tous les hashtag parlent de foot. Deux, trois messages à la seconde. Chacun dit son avis, les VIP de la télé essayent de dire la bonne boutade pour être remarqués. La seule chose certaine est que vous n'êtes évidemment pas le seul à trouver le match ennuyant.
Il y a une raison pour laquelle les milieux de terrain ne deviennent (presque jamais) aussi célèbres que les attaquants. Quand le ballon reste dans leur zone trop longtemps, la tension diminue, le match devient un vrai calvaire et pour le spectateur il se transforme tout simplement en match...ennuyant.
Voilà que l'équipe nationale qui ne sort pas du milieu du terrain et le temps passe aussi vite que lorsque vous êtes bloqués dans les embouteillages. Les tweets sont plus nombreux mais pas si amusants. Vous vous apercevrez que quelqu'un dans le salon est en train de parler des autres qui ne sont pas présents ce soir. Des ragots. Certains vont à la salle de bain, d'autres dans la cuisine. Les commentaires techniques se transforment en reproches. La première mi-temps se termine, vous bâillez. Le maître de maison va dans la cuisine et quand il revient, il a une boîte dans ses mains : « Je l'ai commandé en ligne la semaine passée, on l'essayer ? »
C'est un set pour cocktail, avec un shaker. Les visages de tous s'illuminent, les portables sont posés sur la table, la chasse aux bouteilles d'alcool et de soda commence. Un voisin abandonne sa place privilégiée au milieu du canapé juste en face de la télé pour courir chez soi et revenir avec trois bouteilles de vins reçues comme cadeau à Noël.
Alors que les commentateurs essayent inutilement de rendre une passe ratée magnifique, chez vous la soirée a finalement changée de rythme. Après dix minutes, les premiers cocktails sont prêts. Sur la table se trouvent des plateaux et des récipients pour tapas et un garçon appelé par on ne sait qui, a livré la nourriture thaïlandaise et a reçu comme pourboire un Long Island un peu trop fort (de la fenêtre, vous le voyez pédaler heureux dans les rues désertes le soir où joue l'équipe nationale).
Les équipes reviennent sur le terrain, le match recommence. Deux fanatiques du foot restent assis au milieu du canapé (avec deux White Russian à la main), tous les autres sont sortis en terrasse : ils déplacent les sachets de charbon de bois et allument le barbecue. Le commentateur pousse un cri, tout le monde se tourne vers la télé, mais le ballon est au-dessus de la barre transversale d'au moins trois mètres. Le brouhaha recommence.
À la télé, quelqu'un se lève du banc, en terrasse d'autres prennent place. Le maître de maison a dû installer des tabourets et les premières brochettes sont déjà servies. Le parfum du barbecue se propage dans le quartier et le shaker fait redémarrer la soirée. Quelqu'un se souvient du match et hurle aux deux qui sont assis sur le canapé : « Si quelque chose arrive, appelez-nous », mais personne ne répond.
Finalement un match de l'équipe nationale peut être amusant, non ?
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